Les repas d’été avec Denis sont toujours l’occasion de boire de belles bouteilles et de se rappeler nos premières rencontres, lui jeune étudiant en droit et moi donnant quelques cours de dégustation pendant mon service militaire.
Par la suite quelques bouteilles ont marqué notre chemin vinique, une belle soirée d’été sur la terrasse nous a fait remonter dans le temps !
Le passage à l’an 2000, passé au restaurant L’Auberge à Sainte d’Auray nous avait révélé un vin magnifique et surtout capable d’accords exceptionnels.
Le Château SIMONE blanc 1995 servi sur les Saint Jacques et chutney de fruits épicés est l’une de mes référence en matière d’accompagnement « sublime ».
15 ans après, le vin a évolué vers des notes tertiaires, le nez légèrement oxydatif se pare de fleurs et d’écorces d’agrumes. En bouche encore une fois le choc se fait lorsque les Crevettes à la plancha/curcuma frais/coriandre vietnamienne entrent dans la danse.
Le vin se fait instantanément grand, large et puissant, il se hausse au niveau du plat avec une capacité unique.
Mon métier de caviste m’a amené à travailler dans les années 90 avec Philippe Laurent du Domaine Gramenon.
Moi et Denis avions à l’époque été subjugués par la réussite exceptionnelle du millésime 95, faisant des réserves, malheureusement épuisées pour ma part depuis un moment mais jamais une bouteille ne s’est révélée faible ou bancale sur 20 ans.
Cette Cuvée A Pascal S 1995 est inouie, une essence de Grenache, dépouillée de gras superflu, il ne reste que le principal, un équilbre parfait et des parfums entremêlés et sublimes. Il se suffit à lui même tout en se comportant magnifiquement sur les brochettes de boeuf aux légumes du jardin.
Denis ne le savait pas mais un des premiers grands Bordeaux que j’ai bu, en compagnie de deux personnes maintenant plus de ce monde, dans un restaurant des quais sur la Garonne au début de ma formation en oenologie est le Château L’Arrosée 1982, il me le fait déguster à l’aveugle et je pars sur un Rive Gauche tant le nez me semble marqué par les arômes tertiaires de Cabernet Sauvignon. Il s’agit pourtant bien d’un Saint Emilion, mais à l’encépagement atypique avec ses 20 % de Cabernet Franc et 20 % de Cabernet Sauvignon ( ouf me dis je in petto 😉 ! ) dans ce millésime mythique, et c’est un très grand vin, riche et onctueux, qui possède encore le fond pour vieillir sans soucis. Ce vin qui paraissait parfait il y a 25 ans, d’une gourmandise folle, confirme sa beauté.
Les autres vins bus, plus jeunes et moins chargés de souvenir, se sont révélés eux aussi superbes.
Le Champagne Inflorescence de Cédric BOUCHARD est d’un nez épatant, frais et confit en même temps, puis se prolonge en bouche avec élégance.
Chamane 2013, Muscat sec de Marjorie GALLET est un très grand vin blanc, à l’aube d’une grande histoire car tout y est en place.
Le Fleurie 2007 de Jean FOILLARD est parfait à boire aujourd’hui, puissant et raffiné comme un grand Pinot Noir, pas du tout marqué par son parti pris de vinification, comme souvent dans les vins du Domaine après quelques années.