Quelques perles, quelques pertes
L’ouverture de vieux vins est toujours source de surprises, de ravissements et de dégoûts parfois. C’est ce qui fait l’intérêt de tels exercices et quand on y ajoute un repas bien pensé autour de ces vénérables flacons, la soirée est merveilleuse.
La série commence en toute sécurité par un vin mis en bouteille récemment mais dont l’élaboration en solera a démarré au 19ème siècle, l’ Amontillado de Jerez cuvée COLISEO de VALDESPINO. C’est un vin intensément parfumé, de couleur acajou, dont la structure en bouche est impressionnante par son acidité tranchante, sa persistance et sa longueur. Les arômes se déclinent en notes d’aldéhydes, eau de vie de pomme, pelure de noix, cacao et foin.
Suit un vin au nez patiné, sur un fruit de style mur et confit. En bouche la structure est moyenne malgré un gras présent, l’acidité peu prononcée et un style simple. Le vin se tient mais offre un plaisir limité. C’est un Muscat 1955 de chez KLIPFEL à BARR.
Sur une petite pôelée de girolles, deux Puligny-Montrachet « Caillerets »:
Le 1964 de Robert AMPEAU voit son bouchon se déliter. Malheureusement, une odeur intense de moisi-pourri se dégage du vin et il est imbuvable, sans pouvoir déterminer si cela vient du vin ou du bouchon.
Le 1966 du Comte de Moucheron au Château de Meursault est là pour dévoiler la grandeur du terroir. C’est un vin d’une belle jeunesse, au nez plein, sur un fleuri superbe ( fleur de vigne ) et un fruité fin ( poire ). Le tout est accompagné de belles notes secondaires subtiles mais persistantes, épices et feuilles sèches. La longueur est bonne et sutout la finale fraiche et nette. Un très beau Bourgogne.
Les rouges vont donner lieu à un beau duel. On commence doucement avec un Moulin à Vent 1964 au charme désuet, à la couleur claire et turbide. Le nez, de vieille liqueur et un léger caoutchouc, est assez plaisant. La bouche montre encore une certaine énergie, c’est juste bon.
Les choses intéressantes se préparent avec, sur une superbe côte de boeuf et pommes de terre au beurre, deux Seigneurs Vins :
Château PALMER 1989
Couleur intense à peine évoluée. Le nez est un ravissement, très classique dans ses notes de tabac, de d’humus, de cassis, de léger fûmé mais le tout est raffiné à l’extrême. La bouche est massive mais moelleuse, dôtée d’une structure encore fougueuse. Le vin n’est qu’au tout début de sa période de matûrité.
NUITS SAINT GEORGES « Murgers » 1985 Bernard RION Père et Fils
Ce domaine réputé pour ses vins rouges de style traditionnel, à la structure massive et au charme limité en vin jeune, nous prouve avec cette bouteille l’intérêt d’une longue garde. La couleur est moyennement intense, évoluée. Le nez est superbe, basé sur un fruit encore frais et des notes balsamiques. De subtiles notes chaudes d’épices viennent complexifier le bouquet. En bouche, la rigueur est de mise, l’acidité est bien en place mais non mordante et la longueur imposante. Superbe Bourgogne.
Merci à Denis pour cette belle soirée !